L’annonce a été faite lors du séminaire « All for Morocco’s Trade 2030 », consacré à l’avenir du commerce national. Le ministère de l’Industrie et du Commerce place cette initiative au cœur de sa stratégie pour moderniser un tissu commercial qui repose encore largement sur des pratiques traditionnelles. En soutenant l’intégration d’outils digitaux au sein des petits commerces, l’État entend bâtir un écosystème commercial plus compétitif, plus inclusif et plus résilient.
Cette ambition s’inscrit dans la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour une économie marocaine tournée vers la modernité, tout en préservant son ancrage local. Digitaliser les points de vente de proximité est perçu comme une étape incontournable pour améliorer la chaîne d’approvisionnement, fluidifier la distribution des produits de grande consommation (FMCG) et favoriser l’adoption massive des paiements électroniques.
z.systems, un acteur émergent au cœur de la transformation
Fondée en 2022 et basée à Casablanca, z.systems s’impose rapidement comme une des pépites de la tech marocaine. Son modèle repose sur une plateforme digitale qui connecte les retailers traditionnels aux grandes marques via des boutiques digitales intégrées. Elle centralise la gestion des commandes, automatise la relation avec les distributeurs, et organise la logistique grâce à des partenaires spécialisés.
L’entreprise, qui a levé 1,5 million de dollars fin 2024 auprès d’investisseurs marocains tels que MNF Ventures et Witamax, a été fondée par Samer Choumar. Diplômé de Columbia Business School et ancien consultant au Boston Consulting Group, il porte une vision claire : transformer le commerce de détail au Maroc par une combinaison d’innovation digitale et de proximité terrain.
Une offre intégrée pour les petits commerçants
Concrètement, z.systems propose aux commerçants de proximité des outils qui dépassent la simple digitalisation des commandes. La plateforme intègre des programmes de fidélité personnalisés, des fonctionnalités de gamification pour stimuler les ventes, et des outils d’analyse de données permettant aux commerçants de mieux comprendre leurs clients et d’optimiser leurs décisions.
La dimension financière est également centrale : l’accord prévoit la mise en place d’un portefeuille électronique lié à la performance commerciale. Ce dispositif favorisera l’inclusion financière des petits commerçants, souvent restés en marge des circuits bancaires traditionnels, et facilitera leur accès à des produits financiers adaptés, comme le micro-crédit.
Un levier de compétitivité pour le commerce marocain
L’impact attendu dépasse la seule modernisation des pratiques individuelles. En connectant 50 000 commerces de proximité d’ici 2030, le Maroc espère renforcer la compétitivité de son tissu commercial dans un contexte de transformation rapide des modes de consommation.
Les consommateurs marocains se tournent de plus en plus vers le digital, que ce soit pour comparer les prix, profiter de promotions ciblées ou effectuer leurs paiements. Les commerces de proximité, qui constituent encore le premier canal de consommation pour des millions de Marocains, doivent donc s’adapter à ces nouveaux comportements. L’initiative permettra aussi aux grandes marques de mieux piloter leurs réseaux de distribution, en collectant des données fiables sur la demande locale.
Un projet aligné avec d’autres initiatives nationales
Ce programme ne vient pas isolément. Le ministère de l’Industrie et du Commerce a déjà lancé d’autres projets visant à digitaliser le secteur, dont l’initiative WOLIZ Pro qui prévoit la modernisation de 20 000 commerces supplémentaires. L’objectif est clair : doter le Maroc d’ici 2030 d’un commerce de proximité pleinement intégré à l’économie numérique.
Cette approche combinée permet de créer un effet d’entraînement au sein du secteur : en multipliant les solutions adaptées aux réalités des commerçants marocains, les autorités et les startups partenaires espèrent accélérer l’adoption du digital à grande échelle.
Un chantier social et économique
Au-delà de la compétitivité, ce projet revêt un enjeu social fort. Les commerces de proximité sont souvent au cœur de la vie des quartiers et constituent une source d’emploi essentielle. En leur offrant des outils digitaux, il ne s’agit pas seulement d’améliorer leur rentabilité, mais aussi de leur donner les moyens de s’inscrire dans la durée face à l’arrivée de grandes surfaces et de plateformes internationales.
De plus, l’intégration des paiements électroniques et de portefeuilles digitaux contribue à renforcer la transparence des transactions et à élargir l’assiette fiscale, tout en améliorant la traçabilité des flux financiers. Cela participe à la construction d’une économie plus formelle et plus équitable.
Perspectives et étapes à venir
L’accord signé prévoit un déploiement progressif d’ici 2030. Les premières phases devraient concerner les zones urbaines à forte densité, avant un élargissement progressif vers les régions rurales où les besoins en modernisation sont encore plus criants.
Des formations sont prévues pour accompagner les commerçants dans l’adoption de ces outils digitaux. L’objectif est de garantir une appropriation durable des solutions proposées, en tenant compte des réalités de terrain et du niveau de familiarité technologique des bénéficiaires.
Le partenariat entre z.systems et le ministère de l’Industrie et du Commerce marque une étape structurante dans la digitalisation du commerce de détail au Maroc. En visant 50 000 commerces de proximité, ce projet ne se limite pas à introduire de nouveaux outils : il ambitionne de transformer un secteur clé de l’économie nationale, d’accroître son inclusion financière et de renforcer sa résilience. Pour les commerçants, c’est une opportunité historique de franchir le pas vers une nouvelle ère, celle du commerce connecté et compétitif.
