Les signes d’un mauvais pitch deck

Un investisseur expérimenté n’a pas besoin de dix minutes pour repérer un mauvais pitch deck. Slides surchargées, messages contradictoires, chiffres invraisemblables : autant de signaux d’alerte qui décrédibilisent une startup avant même la lecture du business model. Dans un marché marocain où chaque rencontre compte, comprendre ces erreurs devient un impératif stratégique.

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Les signes d’un mauvais pitch deck

Les investisseurs marocains le confirment : la plupart des pitch decks échouent non pas à cause du projet, mais à cause de la manière dont il est présenté. Un deck faible traduit souvent un manque de clarté intellectuelle ou de préparation. À l’inverse, un document structuré, même sur un projet encore jeune, inspire confiance.

Chaque année, des programmes comme UM6P Ventures, HSEVEN, Technopark ou Impact Lab reçoivent des centaines de candidatures. Les comités d’évaluation écartent souvent les projets non pas pour leur absence d’idée, mais parce que le deck ne permet pas d’en saisir la logique.
Un mauvais deck ne “raconte” pas un projet : il empêche de le comprendre. Identifier ses signaux faibles permet d’éviter les erreurs qui coûtent cher en crédibilité, en opportunités et en financement.

1. Trop de texte, pas assez de pensée : le deck qui étouffe

Premier signe d’alerte : le deck verbeux, celui qui tente de tout dire. On y trouve des paragraphes entiers, des phrases en petits caractères, et une impression générale de surcharge. L’investisseur, face à ce type de présentation, n’essaie même pas de lire : il abandonne.

Un pitch deck efficace doit être une synthèse, pas un rapport. Les fondateurs marocains, souvent issus d’écoles d’ingénierie ou de commerce, ont tendance à vouloir “prouver” leur sérieux par la quantité. Cette approche se retourne contre eux. La valeur d’un deck ne se mesure pas à son volume, mais à la clarté du raisonnement.

La plupart des experts en financement recommandent une structure de 10 à 15 slides maximum, chacune portant une seule idée. Cela suppose un vrai travail de hiérarchisation. Trop d’entrepreneurs tentent de parler produit, marché, technologie, vision et stratégie dans une même page ; le résultat est illisible.

Autre erreur courante : le texte sans hiérarchie visuelle. Un bloc de mots sans mise en valeur noie les chiffres clés et dilue les messages importants. Les investisseurs marocains, souvent sursollicités, consacrent moins de 4 minutes à un deck lors de la première lecture ; la lisibilité devient donc une condition de survie.

Un bon test consiste à faire lire le deck à une personne extérieure : si elle ne comprend pas le modèle économique ou la promesse en deux minutes, c’est que le document est trop dense. La clarté est une compétence stratégique, pas une option esthétique.

2. Chiffres invraisemblables et absence de preuves : le deck qui s’auto-sabote

Deuxième signe d’un mauvais pitch deck : l’incohérence des données. Dans l’écosystème marocain, beaucoup de fondateurs présentent des projections financières déconnectées de la réalité. Des croissances de 300 % par trimestre, des parts de marché fantaisistes ou des marges nettes irréalistes font partie des erreurs les plus fréquentes.

Les investisseurs expérimentés savent immédiatement repérer les excès d’optimisme. Un graphique trop lisse ou une croissance sans explication soulèvent le doute : si le fondateur ne maîtrise pas ses hypothèses, il risque de ne pas maîtriser son exécution.
Un bon deck doit au contraire ancrer chaque chiffre dans une logique : sources, comparables de marché, hypothèses de coûts et d’acquisition.

Les données doivent aussi être vérifiables. Citer des études sans précision, évoquer “le marché africain estimé à plusieurs milliards” sans méthodologie, ou afficher des parts de marché imaginaires sont autant d’erreurs éliminatoires. Au Maroc, les investisseurs attendent une rigueur croissante dans les dossiers : utilisation de sources reconnues (HCP, ANRT, Bank Al-Maghrib) et cohérence avec la réalité locale.

Enfin, il faut éviter les slides de vanity metrics, ces indicateurs flatteurs mais inutiles : nombre de téléchargements, likes sur les réseaux sociaux ou “communauté engagée” sans monétisation. Un investisseur préfère dix clients payants à dix mille utilisateurs gratuits.

Un deck sans preuves tangibles perd toute valeur. À l’inverse, un fondateur qui admet “nos revenus sont encore modestes, mais notre taux de rétention est de 60 %” paraît crédible. La sincérité et la précision sont des atouts bien plus puissants que l’exagération.

3. Design bâclé et absence de logique : le deck qui ne raconte rien

Troisième indicateur d’un mauvais deck : un design incohérent ou une structure désordonnée. Couleurs différentes à chaque slide, typographies multiples, absence de progression logique : autant de détails qui traduisent une exécution précipitée.
Les investisseurs ne cherchent pas un designer, mais un entrepreneur organisé. Un deck désordonné leur envoie le message inverse.

Un bon pitch deck est un parcours de lecture fluide : chaque slide prépare la suivante. Le problème appelle la solution, la solution ouvre sur la traction, la traction mène à la stratégie. Lorsqu’un investisseur doit “chercher” le fil conducteur, le message est déjà perdu.

Beaucoup de fondateurs marocains négligent la slide d’ouverture : elle doit contenir le logo, la baseline et une phrase de positionnement claire. Une mauvaise première impression titre illisible, absence de coordonnées, image de mauvaise qualité peut suffire à détourner l’attention du lecteur.
De même, la slide finale est cruciale : elle doit indiquer clairement le montant recherché et l’utilisation prévue des fonds. Trop de decks se terminent sans demande explicite, laissant l’investisseur sans appel à l’action.

Enfin, un mauvais deck est souvent un deck sans histoire. Il aligne des données sans perspective. Or, un investisseur investit dans une vision. Le rôle du fondateur est de faire comprendre en quoi son projet répond à un vrai besoin et pourquoi son équipe peut exécuter cette vision. Sans cela, le document reste une suite de chiffres sans âme.

Un mauvais pitch deck ne se définit pas seulement par ses erreurs, mais par son incapacité à susciter la confiance. Dans un écosystème marocain où les investisseurs deviennent de plus en plus sélectifs, la clarté et la cohérence valent mieux que la créativité. Le deck n’est pas un outil marketing, c’est un outil de décision. Un fondateur qui le comprend transforme chaque slide en argument de crédibilité.

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