Selon un rapport de la Banque mondiale, les entreprises qui adoptent des pratiques ESG rigoureuses présentent un risque opérationnel réduit et attirent davantage d’investissements, même en phase de démarrage. Au Maroc, alors que l’encadrement réglementaire en matière de durabilité se renforce, comprendre les trois piliers de l’ESG est un prérequis pour toute start-up ambitieuse.
La dimension environnementale (E) : réduire l’impact et anticiper les contraintes
Le « E » de l’ESG concerne la manière dont une entreprise interagit avec l’environnement naturel. Il s’agit de mesurer et de réduire l’impact environnemental de ses activités et d’adopter des pratiques durables.
Les principaux indicateurs incluent : la consommation d’énergie et d’eau, la gestion des déchets, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et l’usage responsable des ressources naturelles. Pour les start-ups marocaines, ces indicateurs se traduisent concrètement par :
• L’optimisation des consommations énergétiques dans les bureaux ou ateliers (éclairage LED, équipements à faible consommation).
• La réduction des déchets et le recyclage selon les directives de la Loi 13-03 sur l’évaluation environnementale des projets.
• L’utilisation de solutions durables pour le transport et la logistique, particulièrement pertinent pour les start-ups agroalimentaires ou industrielles.
Adopter ces pratiques permet non seulement de réduire le risque de sanctions réglementaires, mais aussi de répondre à des attentes croissantes des investisseurs et partenaires internationaux, qui privilégient désormais des entreprises alignées sur les normes ESG.
La dimension sociale (S) : valoriser l’humain et structurer les relations
Le « S » de l’ESG mesure la manière dont l’entreprise prend soin de ses collaborateurs et de ses parties prenantes. Il inclut la qualité des conditions de travail, la formation et le développement des compétences, la diversité et l’inclusion, ainsi que la sécurité et la santé au travail.
Dans le contexte marocain, des obligations légales viennent renforcer ces pratiques : le Code du travail fixe les droits et protections minimales, la CNSS assure la couverture sociale, et des recommandations sectorielles complètent ces règles. Pour une start-up :
• Mettre en place des contrats conformes et un suivi CNSS pour tous les collaborateurs.
• Instaurer des processus de formation continue pour fidéliser les talents.
• Promouvoir l’inclusion et la diversité dans les équipes, un facteur clé de performance et d’attractivité sur un marché où les profils qualifiés sont rares.
Les start-ups qui maîtrisent cette dimension voient une amélioration de la rétention des collaborateurs et de l’engagement interne, ce qui contribue directement à la productivité et à la stabilité de l’entreprise.
La dimension gouvernance (G) : transparence et responsabilité
Le « G » de l’ESG concerne la gouvernance de l’entreprise : ses règles de pilotage, sa transparence financière, et la responsabilité de ses dirigeants. Une bonne gouvernance rassure investisseurs, partenaires et collaborateurs, et réduit les risques financiers et juridiques.
Les pratiques clés incluent :
• Mise en place de procédures de contrôle interne et d’audits réguliers.
• Clarté des structures décisionnelles, avec conseils consultatifs ou comités de direction.
• Transparence financière et reporting précis sur les flux et résultats.
Au Maroc, des programmes comme Tamwilcom ou des fonds d’investissement privés privilégient les start-ups qui démontrent une gouvernance solide, car elles présentent moins de risques de litiges ou de mauvaise gestion. Même pour une PME en phase de croissance, structurer la gouvernance dès les premières levées peut faciliter l’accès à des financements et partenariats stratégiques.
Les trois piliers de l’ESG environnemental, social et gouvernance ne sont pas des contraintes administratives, mais des outils pour sécuriser la croissance, attirer des investisseurs et structurer l’entreprise. Pour les start-ups marocaines, il s’agit de les intégrer progressivement, en commençant par des mesures concrètes et mesurables adaptées à leur taille et secteur. L’étape suivante consiste à suivre ces indicateurs, les améliorer en continu et les communiquer efficacement, afin de renforcer la crédibilité et la pérennité de l’entreprise.